Communiqués de presse et alertes info récentes
Ann Telnaes & Chappatte: après le débat, le livre
La projection & débat autour de la dessinatrice Ann Telnaes, modérée par Patrick Chappatte, que la Fondation a organisée en mai dernier aux cinémas du Grütli de Genève, en collaboration avec le journal Le Temps, n’a pas seulement été un grand succès public (deux salles de cinéma pleines), elle a aussi donné lieu à une collaboration unique entre les deux cartoonistes. En effet, leur dialogue s’est prolongé pour donner lieu à la publication de l’ouvrage “Censure en Amérique”, paru en octobre 2025 aux Éditions Les Arènes, Paris.
Tous deux y interrogent l’avenir de la satire politique aux États-Unis et posent une question essentielle : Dans un pays qui semble dériver vers l’autocratie, la satire politique a-t-elle encore sa place ? L’ouvrage prend la forme d’un dialogue en mots et en dessins, qui dénonce la censure grandissante et nous rappelle que, partout dans le monde, lorsque l’on s’attaque au dessin de presse, c’est la démocratie elle-même qui vacille.
La Fondation Freedom Cartoonists et son rôle sont mis en avant dans cet ouvrage, contribuant ainsi à notre mission de soutenir les dessinateurs de presse à travers le monde et de défendre la liberté d’expression.

Soutien à Freedom Cartoonists lors du gala des 130 ans de l’Ordre des Avocats de Genève
La bâtonnière de l’Ordre des avocats de Genève, Maître Sandrine Giroud, a pris l’initiative d’associer la Fondation aux célébrations du 130 ème anniversaire de l’Ordre. Elle a proposé à Patrick Chappatte de faire un dessin exclusif pour illustrer l’ouvrage consacré à l’histoire de l’Ordre depuis ses origines et d’en faire des copies destinées à la vente pendant la soirée de gala le 3 octobre à Palexpo.
Invités à participer à cette soirée, rassemblant plus de 1 000 avocats, nous avons pu mettre en valeur le mandat et les actions de la Fondation et motiver cette audience exceptionnelle. La vice-présidente Marie Heuzé a présenté le travail de Freedom Cartoonists, commentant à l’écran quelques dessins significatifs et rappelant la remise du Prix Kofi Annan par les Prix Nobel de la Paix, Dmitry Muratov et Maria Ressa en 2022 et par l’avocate Shirin Ebadi en 2024.
Nos vifs remerciements vont aux avocats et aux participants qui ont soutenu notre engagement en faveur la liberté de la presse en achetant une reproduction authentifiée du dessin de Patrick Chappatte. Cette collaboration avec le Conseil de l’Ordre nous a permis de vendre plus de 275 dessins signés et d’en recueillir le produit pour nos activités et projets.

Collaboration avec le Caux Democracy Forum 2025
La Fondation a collaboré avec le Caux Democracy Forum 2025, dont le thème était « Revitalizing Democracy – Towards Inclusive and Peaceful Societies Across Europe and the World », et qui a réuni plus de 350 participants venus de plus de 45 pays.
At the Forum’s invitation, Freedom Cartoonists brought in two editorial cartoonists from the Global South: Gado (Kenya), a member of our Advisory Board, and Willis from Tunis (Tunisia). As part of this collaboration, we supported several activities, including the editorial cartoon exhibition “Democracy? What Democracy?!”. Gado made the trip to Caux to represent the Foundation, engage in discussions, and meet participants.
Presented at the Caux Palace over the summer, the exhibition gathered around forty works addressing the challenges, contradictions, and hopes surrounding contemporary democracies. It drew strong interest among Forum participants and other visitors.
Following this successful cooperation, the Caux Forum has invited the Foundation to continue contributing to future editions. We are looking forward to consolidating and strengthening this partnership in the years ahead. This collaboration aligns closely with our mission to support press cartoonists worldwide, promote inclusive democracy, and amplify voices from under-represented regions.

Les organisations en défense du dessin de presse et de la liberté d’expression soutiennent le magazine LeMan
11 juillet 2025 – Les soussignés sont consternés par la persécution du personnel du magazine humoristique LeMan, à Istanbul, ces derniers jours, suite à la publication le 26 juin d’une caricature de Doğan Pehlevan, dont le contenu, la signification et l’intention ont été déformés par des fonctionnaires du gouvernement turc. Cela a conduit à une couverture médiatique inexacte et à une indignation publique injustifiée et, en fin de compte, à l’emprisonnement de quatre personnes sur la base de multiples accusations, à la recherche de deux autres collègues par la police et à l’ouverture d’une enquête sur l’ensemble de l’entité pour acceptation d’une influence étrangère.
La semaine du 30 juin a été marquée par une vague d’arrestations de personnalités de l’opposition qui rappelle la répression qui a suivi la tentative de coup d’État de 2016. L’ancien maire d’Izmir, Tunç Soyer, et plus de 150 responsables et membres du Parti républicain rejoignent désormais l’ancien maire d’Istanbul et candidat à la présidence Ekrem İmamoğlu en détention, en plus de dizaines d’autres personnes détenues en 2025.
Ce qui se passe chez LeMan n’est qu’un élément d’un ensemble plus vaste, mais il ne faut pas le considérer comme un incident mineur. Il est évident que ce qui a commencé comme une poursuite exagérée et malhonnête a maintenant servi de prétexte à un effort concerté pour éliminer complètement le magazine.
Nous tenons à préciser ce qui suit :
- Dessin humoristique de Doğan Pehlivan paru dans le magazine LeMan le 26/06/25 et décrit à tort par les procureurs comme représentant le prophète Mahomet.
- La caricature du 26 juin ne représente absolument pas le prophète Mahomet, ce qui devrait être évident pour toute personne désireuse de l’examiner sans passion. Dans le contexte de la mort aveugle de civils due à l’action militaire au Moyen-Orient, l’œuvre représente les esprits angéliques de deux hommes décédés, un musulman nommé « Muhammad » (comme il y en a des millions) et un juif nommé « Musa », c’est-à-dire Moïse. Les deux se saluent en montant au ciel, tandis que les bombes continuent de tomber à l’arrière-plan. Il s’agit d’une exhortation à la paix humaine, douce-amère et impartiale.
- Les interventions du gouverneur d’Istanbul, des ministres de la justice et de l’intérieur, et du président de la République turque qualifiant la caricature de « provocation ignoble », de « manque de respect envers les croyances » ou autres, équivalant à un crime contre les sensibilités religieuses, sont donc erronées.
- Il s’ensuit que les mandats d’arrêt émis à l’encontre de six personnes associées au magazine LeMan étaient sans fondement et devraient être annulés.
- Les quatre hommes détenus – Pehlevan, ainsi que le rédacteur en chef Zafer Aknar, le graphiste Cebrail Okçu et le directeur de la rédaction Ali Yavuz – doivent être libérés immédiatement et les charges d’« incitation à la haine » qui pèsent sur eux doivent être abandonnées.
- La vidéo de leur arrestation le 30 juin, diffusée par les canaux officiels sur les médias sociaux, représentait une démonstration dégoûtante d’autoritarisme, trahissant la véritable intention de cette ligne de conduite : intimider et réprimer les voix au sein de la Turquie qui s’opposent à l’establishment.
- Toute poursuite du fondateur Tuncay Akgün et du rédacteur en chef Askan Ozdemi doit cesser.
- Les nouvelles accusations lancées le 2 juillet, selon lesquelles LeMan utiliserait des fonds étrangers pour alimenter le mécontentement en Turquie, sont absurdes à première vue. Il n’y a pas eu de troubles notables à Istanbul pendant les quatre jours qui ont suivi la publication de la caricature prétendument offensante, jusqu’à ce que des ministres et des procureurs fassent des déclarations non fondées sur son contenu. Au contraire, c’est le gouvernement turc qui provoque des manifestations de masse et des troubles civils en emprisonnant ses opposants politiques.
- Ceux qui, dans les rues d’Istanbul, ont cherché à se venger au cours des dernières semaines ont été manipulés par des opportunistes politiques. Ils devraient rentrer chez eux en paix, convaincus qu’aucun commentaire n’a été fait au sujet d’une figure religieuse et qu’il n’y a donc aucune raison de s’offusquer.
- Enfin, en ce qui concerne la question de la diffamation du président, M. Erdoğan a une longue et riche histoire de poursuites judiciaires contre les caricaturistes et les satiristes, et on lui a déjà dit que de telles représentations sont inhérentes à la fonction. S’il est trop sensible pour supporter les caricatures, il est plus que bienvenu de changer de carrière et de quitter la vie publique.
Cette affaire n’est que le dernier chapitre désolant de la dégradation de la riche tradition de la caricature en Turquie. Nous demandons que ceux qui continuent soient laissés libres de poursuivre leur travail sans être inquiétés.
Signataires:
- Association of Canadian Cartoonists / L’Association de caricaturistes Canadien
- Daryl Cagle – Cagle Cartoons, Inc. (Newspaper Syndicate)
- Cartoon Movement
- Cartooning for Peace
- Cartoonists Rights
- Columbia Global Freedom of Expression
- European Cartoon Award
- Forum for Humour and the Law (ForHum)
- Freedom Cartoonists Foundation
- Caoilfhionn Gallagher KC Strategy
- Professional Cartoonists’ Organisation (PCO)
- ToonsMag

La Médaille « Genève reconnaissante » décernée à Patrick Chappatte, président de la Fondation Freedom Cartoonists
Communiqué de presse de la Ville de Genève, 6 mars 2025.
La Médaille « Genève reconnaissante » sera décernée mardi 11 mars 2025 à 12h au dessinateur Chappatte lors d’une cérémonie au Palais Anna et Jean-Gabriel Eynard. Celle-ci sera remise par la Maire de la Ville de Genève, Mme Christina Kitsos, au nom des autorités de la Ville de Genève.
A travers cette récompense, le Conseil administratif souhaite rendre hommage à l’engagement sans relâche de ce fervent défenseur de la liberté d’expression et de la presse. Reconnu comme un pionnier du reportage en bande dessinée, Chappatte est un dessinateur de renommée mondiale, connu pour son regard empreint d’intelligence et de finesse. Récompensé par de nombreux prix prestigieux et collaborant avec des titres de presse d’importance dans plusieurs pays, il est aujourd’hui l’un des meilleurs ambassadeurs des valeurs démocratiques chères à la Ville de Genève.
Le Conseil administratif souhaite aujourd’hui saluer la prolifique carrière de Chappatte et son engagement pour la liberté de la presse, notamment à travers la Freedom Cartoonists Foundation, initiative défendant la liberté d’expression à travers le dessin de presse éditiorial et récompensant le talent et le courage des dessinatrices et dessinateurs menacées en raison de leur travail. Ses reportages dessinés, sur la crise de la pandémie du Covid-19, la peine de mort, la situation au proche Orient, ainsi qu’en Afrique ou en Amérique centrale notamment, ont également permis de mettre en lumière des problématiques de société et des crises majeures, sous une forme différente permettant de toucher un large public.
Dans un contexte international préoccupant, qui met en lumière chaque jour de nouvelles menaces sur la liberté d’expression et la défense des droits humains, le Conseil administratif souhaite, en honorant l’un de ses plus illustres représentants, rendre hommage au rôle du dessin de presse comme outil de démocratie et de vivre ensemble et affirmer son soutien à cet art de plus en plus menacé et censuré.
La Maire de Genève, Christina Kitsos, relève qu’« en remettant la médaille «Genève reconnaissante» à Patrick Chappatte, la Ville honore un talent, bien sûr, mais célèbre aussi un engagement et une résistance. Car être dessinateur de presse, c’est prendre le risque de froisser, de déranger, d’interpeller, de bouger les lignes. C’est aussi, etsurtout, offrir aux citoyennes et citoyens un regard acéré qui dévoile l’absurde et pointe les dérives du pouvoir. En cela, le dessin de presse est un véritable antidote à la crise de la démocratie. »
10ème anniversaire des massacres de Charlie Hebdo – Un essai visuel d’Ann Telnaes

La fondation Freedom Cartoonists à Genève dénonce la décision honteuse du Washington Post de refuser une caricature de sa dessinatrice de renommée mondiale, Ann Telnaes, ce qui a entraîné son départ immédiat.
Une dessinatrice de presse montre la voie du courage et des principes, tandis qu’un grand journal piétine la liberté d’expression – et s’humilie par la même occasion: Ann Telnaes quitte le Washington Post après le rejet d’une caricature montrant des magnats de la tech, parmi lesquels Mark Zuckerberg et Jeff Bezos (le propriétaire du journal) faisant des courbettes à Trump.
Bien sûr, chaque organe de presse a le droit de choisir ce qu’il veut imprimer ou non. Mais en n’osant pas publier cette description mordante et pertinente des jeux de pouvoir actuels autour de l’administration Trump, le Washington Post trahit la tradition de journalisme critique qui a fait sa renommée. Un ex-grand journal américain montre qu’il a désormais peur de la satire politique – et de la vérité – lorsqu’elle implique le milliardaire Jeff Bezos.
David Shipley, rédacteur en chef des pages Opinions, nie toute censure, affirmant que la caricature coïncidait avec un article sur le même sujet…. La solution est simple, David: publiez ce dessin dans les jours qui viennent! (Et continuez à travailler avec l’une des meilleures dessinatrices au monde).
Nous sommes fiers et chanceux de compter Ann parmi les membres du conseil consultatif de la Freedom Cartoonists Foundation à Genève, qui défend la liberté de la presse et le dessin éditorial depuis 2010, et nous la soutenons pleinement dans son combat pour la liberté d’expression et d’opinion dans un contexte d’autocensure croissante dans les médias américains. Un pays qui était un phare du journalisme, des droits de l’homme et de la démocratie montre des signes inquiétants de faiblesse dans ces domaines.
Patrick Chappatte,
Président de la Fondation
👉 LIRE la déclaration d’Ann Telnaes : « Pourquoi je quitte le Washington Post »
👉 https://anntelnaes.substack.com/p/why-im-quitting-the-washington-post

La dessinatrice iranienne Atena Farghadani condamnée à 6 ans de prison – Atena Farghadani, confrontée à la « peine la plus sévère » pour son engagement, doit être libérée immédiatement
Nous sommes consternés d’apprendre que l’activiste, artiste et dessinatrice iranienne Atena Farghadani a été condamnée à un total de six ans de prison : cinq ans pour « insulte au sacré » et un an pour « propagande contre l’État ». Cette peine a été prononcée par le tribunal révolutionnaire de la République islamique d’Iran le lundi 10 juin, comme l’a confirmé son avocat Mohammad Moghimi sur les réseaux sociaux. Les peines maximales sont révélatrices de la détermination de longue date du régime iranien à persécuter et réduire au silence cette courageuse défenseuse des droits.
Atena Farghadani était emprisonnée depuis le 13 avril 2024 après avoir tenté d’afficher un dessin dans un espace public, non loin du palais présidentiel à Téhéran. Au cours des dix dernières années, elle a été régulièrement surveillée et harcelée en raison de son art et de ses activités qui s’opposent à la répression des droits en Iran, en particulier ceux des femmes et des enfants.
Incarcérée en 2014-16, puis à nouveau pour une courte période l’été dernier, Atena Farghadani risque de subir des préjudices au sein du système pénal. En 2023, elle a déclaré avoir été victime d’une tentative d’empoisonnement. Au moment de son arrestation cette année, elle a signalé qu’elle avait été gravement blessée par des membres du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI).
Des œuvres d’Atena Farghadani ont récemment été exposées en Norvège, lors du seizième Forum d’Oslo pour la liberté (OFF) organisé par la Human Rights Foundation et consacré à la « reconquête de la démocratie ». En présence de défenseurs des droits humains du monde entier, le représentant d’Atena Farghadani, Mohammad Moghimi, a veillé à ce que sa voix soit entendue, une voix qui est à la fois courageuse et juste, et qui est prise pour cible parce qu’elle ose défier l’oppression et l’injustice dans son pays.
Nos organisations demandent sa libération immédiate et qu’elle soit rendue à sa famille saine et sauve.
Signataires:
Africartoons
Artists at Risk Connection (ARC) Association of Canadian Cartoonists Cartooning for Peace
Cartoon Movement
Cartoonists Rights
Committee to Protect Journalists (CPJ) Forum for Humor and the Law Freedom Cartoonists Foundation Freemuse
Index on Censorship
Professional Cartoonists’ Organisation
Contact Presse : Chloé Guerif chloe.guerif@cartooningforpeace.org +33 (0)7 49 33 55 86
La Fondation Freedom Cartoonists et la Ville de Genève décernent le Prix international du dessin de presse 2024 à Rachita Taneja (Inde) et Zunzi (Hong Kong)
La Fondation Freedom Cartoonists et la Ville de Genève décernent le Prix international du dessin de presse 2024
à Rachita Taneja (Inde) et Zunzi (Hong Kong)
À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de presse, la Fondation Freedom Cartoonists, en partenariat avec la Ville de Genève, rend hommage au talent et au courage des dessinateurs et dessinatrices œuvrant dans des circonstances difficiles. Le Kofi Annan Courage in Cartooning Award 2024, honorant leur contribution exceptionnelle aux droits de l’homme et à la liberté d’expression, sera remis par la lauréate du prix Nobel de la paix Dr Shirin Ebadi, d’Iran, lors d’une cérémonie publique au Geneva Graduate Institute le 3 mai 2024 à 17h30, en présence de la journaliste-vedette de CNN Christiane Amanpour. Doté de 15’000 francs, ce Prix international est remis tous les deux ans depuis 2012 par Freedom Cartoonists à Genève. En alternance, l’organisation alliée Cartoonists Rights décerne un Prix international biennal aux États-Unis.
Les travaux des lauréats 2024 font partie de l’exposition internationale Dessins pour la liberté, visible sur le Quai Wilson jusqu’au 2 juin 2024. L’exposition présente près de 60 dessins de presse sélectionnés par Freedom Cartoonists, en partenariat avec l’Association Cartooning for Peace à Paris, répartis en trois chapitres : #WomenToo, Traits de Guerre, et L’Ère de l’IA.
Chaired by Kenneth Roth, former Executive Director of Human Rights Watch, the international jury shares the 2024 Prize between two winners: Rachita Taneja (India) and Zunzi (Hong Kong). For Chappatte, president of the Foundation, « Both brilliantly embody the fundamental values of editorial cartooning: talent, freedom of spirit, and courage. With a bit of mischief. » For Sami Kanaan, Administrative Councillor in charge of culture and digital transition, « All the cartoonists competing this year deserve our respect for their talents and the risks they take. »

Rachita Taneja, Inde
Dans sa série très populaire Sanitary Panels, Rachita Taneja signe des chroniques numériques de la vie quotidienne en Inde. Elle vit sous la menace de la prison à la suite d’une plainte déposée par un membre du parti nationaliste au pouvoir. On lui reproche ses dessins qui critiquent le patriarcat, l’intolérance et l’autoritarisme. Des dessins sur l’interdiction du hijab dans les écoles indiennes pourraient lui ont valu des nouvelles menaces. L’Inde se trouve au 161e rang sur 180 pays selon l’Index RSF de la Liberté de la Presse.
Zunzi, Honk Kong
En mai 2023, le journal de Hong Kong Ming Pao a mis fin au contrat de Zunzi, son dessinateur depuis 1983. Depuis l’adoption par Pékin en 2020 de la Loi Nationale sur la Sécurité qui a bouleversé les arts, la culture et les medias, Zunzi était sous le feu des critiques des autorités de Hong Kong. Ses dessins ont été dénoncés par des officiels comme « humour moralisateur qui nuit à l’image de Hong Kong ». Hong Kong est au 140e rang sur 180 selon l’Index RSF de la Liberté de la Presse.
“Solidarité avec la dessinatrice Zehra Ömeroğlu à la veille de son procès en Turquie » – Un communiqué de presse conjoint de Cartooning for Peace, Cartoonists Rights, Freedom Cartoonists et Freemuse
11 Avril 2024 — À quelques jours de son procès pénal pour obscénité prévu le 16 avril prochain à Istanbul, Cartooning for Peace, Cartoonists’ Rights, Freedom Cartoonists Foundation et Freemuse réitèrent leur soutien à la dessinatrice Zehra Ömeroğlu sur qui la perspective d’une criminalisation pèse comme une véritable chape de plomb.

Zehra Ömeroğlu encourt une peine allant de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement, ainsi que le paiement d’une amende, pour un dessin sur les symptômes du Covid-19 paru le 25 novembre 2020 dans le magazine humoristique turc Leman. L’alerte relative à sa situation est relayée par la Plateforme du Conseil de l’Europe pour la sécurité des journalistes.
Le 8 mars 2024, la Commission pour la protection des mineurs contre les publications obscènes (« Muzır Neşriyat Kurulu ») a conclu que ce dessin « porte atteinte à la décence publique et à la pudeur et est contraire à la morale générale » en arguant que la dessinatrice « suscite et exploite les désirs sexuels ». Ces conclusions ouvrent la voie à la tenue de son procès, reporté à quatre reprises depuis sa première comparution en mai 2021. Si son avocat les conteste, comme le permet la loi turque, l’audience du 16 avril va suivre son cours, avec une probabilité renforcée de condamnation sur la base des ces conclusions.
Travaillant pour des médias locaux visant à participer à la libération de la parole des femmes, Zehra Ömeroğlu a vu ses dessins de presse diffusés dans de nombreuses publications, en Turquie et à l’étranger. Elle a également publié trois ouvrages. Ses thèmes de prédilection sont les droits des femmes, les tabous et la psychologie humaine. Cette procédure pénale l’a plongée dans un profond désarroi, tout en restreignant sévèrement ses perspectives professionnelles.
Dans un entretien réalisé en octobre 2022, Zehra Ömeroğlu déclarait : « Je suis humoriste et le but de mon travail est de regarder les problèmes du quotidien sous un angle différent, avec plus de légèreté afin d’en rire ensemble. Mais même un dessin aussi anodin peut être soumis à un sévère jugement. Les lecteurs ne pensaient pas que mon dessin puisse être puni. »
Si la Turquie est tenue de protéger la liberté d’expression, garantie par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et par sa propre Constitution, qui garantit aussi la liberté de la presse et la libre diffusion de l’art, le pays est classé 165ème sur 180 au Baromètre mondial de la liberté de la presse 2023 de Reporters sans frontières.
Résolues à défendre Zehra Ömeroğlu, nos organisations expriment toute leur solidarité avec elle face à un procès dont l’issue sera un véritable marqueur de l’ampleur des atteintes à la liberté d’expression, et de l’espace alloué à la liberté d’expression et à la production artistique féminines et féministes en Turquie.

